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Fugue
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14 septembre 2006

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Je ne revins sur l’île qu’un an plus tard.

l_ile_03


Et j’y rencontrai Anne. Tout de suite j’aperçus sa silhouette sur la plage. J’hésitai à faire demi-tour. Mon amour pour l’Océan était trop exclusif. Je considérais que chaque étape me rapprochant de lui, m’appartenait. Toute intrusion dans mon domaine était donc détestable. Cependant cette deuxième approche de l’île avait absorbé mon esprit par vagues intermittentes tout l’hiver. Je ne pouvais l’abandonner ainsi.

C’était la première journée d’un long week-end de trois jours comme on en a plusieurs au printemps. Je comptais rester moins d’une dizaine d’heures sur l’île, entre deux marées. J’avais appris à tenir compte des courants et calculé mes horaires en fonction des flux et reflux. Levée dès l’aube, j’arrivais donc sur l’île un peu avant huit heures. Il faisait frais. J’avais envie d’une boisson chaude.

l_ile_02

Anne ramassait des coquillages. Elle arpentait la plage, la nuque inclinée, s’accroupissant régulièrement et fouillant parfois le sable avec un bout de bois d’échouage. Les petits limicoles s’enfuyaient devant elle et se reposaient un peu plus loin pour accomplir des gestes tout à fait semblables aux siens. Cette pensée m’égaya. Cette silhouette, finalement, s’harmonisait avec la nature. Ce qui n’était pas mon cas. Je pestais soudain après les couleurs vives de mon bateau et de mes vêtements. Je devais me rendre à l’évidence, je n’avais rien d’un oiseau de mer. C’était peut-être moi l’intruse !

C’est Anne qui m’aborda la première. J’avais fini par l’oublier un peu, tellement ses gestes réguliers et son allure discrète l’assimilait au paysage de l’île. Je m’étais installée sur un rocher où j’avais déballé mes provisions et mon réchaud. En passant près de moi, elle me souhaita un bon appétit. Je remerciai machinalement et nous aurions pu en rester là, quand une série de questions traversa mon esprit. Elle tenait à la main, outre son pochon rempli de coquillages, un énorme bois de flottage. J’essayai d’imaginer quand et comment elle était arrivée sur l’île. Était-elle arrivée la veille, ou encore plus tôt que moi ? Et que ferait-elle de tous ces trésors ? Où était son bateau ? J’avais contourné la moitié de l’île et n’en avait aperçu aucun amarré sur ses rives. L’idée de lui demander à quoi était destinée sa pêche me sembla trop indiscrète, alors je lui posai la question du bateau. Elle rit. J’habite ici, répondit-elle, comme si la question était insolite.

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Commentaires
N
merci Nadine ou Ricardo ??? si tu/vous aime/z mes photos : http://www.flickr.com/photos/87255394@N00/
O
j'aime bien te lire.<br /> J'aime aussi beaucoup la dernière photo. Superbe
Fugue
  • L’île m’avait semblé longtemps comme une étape obligée, une ligne à franchir avant de plonger vers l’horizon, une limite rassurante du monde connu, une frontière avec l’avenir. Je n’imaginais pas alors à quel point elle allait changer ma vie.
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