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Fugue
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9 août 2007

J'avais d'abord pensé à Rome

Je cherche parfois dans le passé quelque groupe de souvenirs, pour m'en former enfin une histoire, mais je m'y reconnais, et ma vie en déborde. Il me semble ne vivre aussitôt que dans un toujours neuf instant. Ce que l'on appelle : se recueillir, m'est une contrainte impossible; je ne comprends plus le mot : solitude; - D'ailleurs je ne suis chez moi que partout; et toujours le désir m'en chasse. Le plus beau souvenir ne m'apparaît que comme une épave du bonheur. La moindre goutte d'eau, fût-ce une larme, dès qu'elle mouille ma main, me devient d'une plus précieuse réalité.

Gide

 

tibre_01
   

J'avais d'abord pensé prendre le train pour Rome. Quitter Paris et son gris qui englobe. Rouler toute la nuit dans un wagon amer. Mêler ma perdition aux ombres qui transitent. Relire « la modification » et l’abandonner sur la banquette. Boire un mauvais café. Imaginer des vies dans le wagon-bar. J'avais d'abord pensé à Rome.

Mais j'irai plus tard mettre mes pas dans ceux de Michel-Ange. J'ai tellement lu sur lui qu'il me semble le connaître personnellement. J'étais près de lui quand, tout jeune encore et désireux d'être reconnu, il avait gravé son nom sur le bandeau de Marie. Nous avons partagé le pain et le vin, perchés tout là-haut sur l'échafaudage de la Sixtine. Nous avons pleuré ensemble quand Rome fut saccagée. Je fixais la chandelle sur son front quand il se levait la nuit pour écrire un sonnet …
   

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N
Je cherche parfois dans le passé quelque groupe de souvenirs, pour m'en former enfin une histoire, mais je m'y reconnais, et ma vie en déborde. Il me semble ne vivre aussitôt que dans un toujours neuf instant. Ce que l'on appelle : se recueillir, m'est une contrainte impossible; je ne comprend plus le mot : solitude; - D'ailleurs je ne suis chez moi que partout; et toujours le désir m'en chasse. Le plus beau souvenir ne m'apparaît que comme une épave du bonheur. La moindre goutte d'eau, fût-ce une larme, dès qu'elle mouille ma main, me devient d'une plus précieuse réalité.<br /> Gide
N
Quand, comment ? C'est une question de forme !
A
C'est magnifiquement écrit, Nessy.
Fugue
  • L’île m’avait semblé longtemps comme une étape obligée, une ligne à franchir avant de plonger vers l’horizon, une limite rassurante du monde connu, une frontière avec l’avenir. Je n’imaginais pas alors à quel point elle allait changer ma vie.
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