L'île (suite)
L’apprentissage de la voile fut difficile. Je consacrai trop peu de temps à cette passion. J’étais dévorée par de multiples feux intérieurs qui me poussaient dans des directions diverses et contraires. J’avais l’impression de vivre plusieurs vies, et chacune étant à la fois unique et précieuse m’emportait vers des avenirs aussi attirants les uns que les autres.
La première fois, j’avais dû repartir avec la même marée. Ce qui m’avait laissé à peu près une heure de liberté sur l’île, une heure si courte que je n’avais pas su la mettre à profit pour visiter. En grimpant sur l’énorme rocher au bout de la plage, j’avais pourtant aperçu le toit de la maison auprès des arbres.
Je m’étais persuadée quelle était déserte, abandonnée, tout comme l’île qui n’aurait connu, selon mes désirs, aucun habitant depuis les invasions vikings. Évidemment j’aurais pu me renseigner à terre, mais cela n’avait aucun intérêt pour moi à cette époque. L’île était mienne, autant que l’Océan, parce que je l’aimais.
Je ne revins sur l’île qu’un an plus tard.
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